Si la pénurie de profils compétents dans les métiers du numérique est claire, il s’agit d’un manque général de profils disponibles.
La pénurie ne concerne en revanche pas les capacités et cursus des filières de formation existantes. Tous les besoins professionnels des entreprises sont couverts par suffisamment de diversité au sein des filières de formation.
Télécharger le résumé de l’étudeEn parallèle, toutes ces filières mènent à un ou plusieurs métiers possibles dans le vaste domaine du numérique. Il n’y a donc pas de cursus existant qui ne mènerait à aucune opportunité professionnelle.
Le problème de la pénurie est donc quantitatif : il n’y a pas assez de jeunes qui rejoignent les filières de formation du numérique.
La plupart des centres de formation, des hautes écoles et des universités ont également indiqué lors de nos interviews pouvoir augmenter dans de larges proportions le nombre d’étudiantes et étudiants qu’ils forment chaque année. Le problème se situe donc en amont.
N’oublions pas de préciser le fait que cet apparent équilibre entre une offre de formation suffisamment diversifiée et les besoins professionnels est en réalité fragile et ne doit pas être considéré comme acquis. En effet, suite à l’extrême rapidité avec laquelle les métiers du numérique évoluent, il est certain que la correspondance actuelle entre filières de formation et demandes du marché risque d’être ébranlée.
Gardons cependant à l’esprit que, en considérant l’évolution de certains domaines d’activité clés, il manque(ra) plusieurs options de formation pouvant nécessiter la mise en place d’un partenariat public-privé. Sont concernés par cette problématique les domaines qui suivent.
Il convient de mener en continu des campagnes de communication ciblant les jeunes, et les jeunes femmes en particulier (largement sous-représentées dans les filières de formation), pour leur présenter les avantages et perspectives des métiers du numérique.
Il s’agit également d’encourager davantage les femmes à rejoindre des filières de formation et professionnelles scientifiques dès leur plus jeune âge. Un effet de levier important pourrait être engendré en appliquant cette recommandation clé.
Le mot clé qui ressort de l’ensemble de notre étude est l’hybridation. Il est essentiel de décloisonner à la fois les milieux professionnels et académiques et les organismes étatiques
Ce besoin en matière d’hybridation se retrouve par ailleurs à plusieurs niveaux. La notion concerne ainsi les profils recherchés et leurs compétences, mais aussi les manières de collaborer et de se former en continu.
Notons encore que l’hybridation s’applique aussi à des profils qui, de plus en plus, sont obligés d’évoluer et de se former en continu au-delà de leur domaine de compétence et d’expertise. Cette notion d’hybridation s’illustre notamment par le métier de Data Scientist, profil hautement recherchée et souvent accessible par la formation continue de personnes déjà compétentes dans d’autres domaines du numérique. Cette hybridation progressive des profils nécessite ainsi de favoriser et de renforcer des passerelles professionnelles et académiques nombreuses et efficaces.
Le domaine du numérique crée autant d’emplois qu’il en détruit. Dans ce sens, il est fondamental d’accélérer les mesures de soutien pour permettre les reconversions professionnelles dans ces filières.
En matière de formation et de formation continue, les nouveaux enjeux professionnels liés aux technologies digitales reposent sur la disposition de nouveaux formats, à mettre en place entre entreprises, acteurs académiques et organismes étatiques.
Identifier les initiatives qui existent pour s’en inspirer ou les amener à grande échelle constituerait un projet salvateur, car de nombreuses actions pertinentes sont déjà entreprises par les actrices et acteurs économiques à leur échelle.
Il s’agit dans ce sens de soutenir et porter les pratiques inspirantes, d’encourager les micro-initiatives déjà en place (par exemple, Trust Valley – formation continue dans la cybersécurité) et d’intensifier les systèmes de soutien à la formation continue, par exemple en se rapprochant des faîtières.
Parmi les principales tendances liées à la problématique de la présente étude, on peut souligner le fait que les recrutements prennent majoritairement plus de trois mois (pour 65% des entreprises). Et dans 43% des cas, les entreprises peinent à recruter en raison du manque de compétences des candidats et d’exigences trop élevées en matière de salaire.
Les qualités et profils recherchés par les entreprises concernent la pratique avant tout. Plus que les diplômes et le niveau de formation, les connaissances pratiques semblent prévaloir. Ce qui souligne la nécessité, déjà relevée, de favoriser et intensifier l’offre existante en matière de formation continue (30% des entreprises en ont besoin).
Concernant la formation continue, mentionnons encore que de nombreuses formations de ce type restent manquantes. Les entreprises ont en effet globalement indiqué ne pas bénéficier de modules existants pour divers aspects spécifiques à la digitalisation de leur activité.
On notera également que l’externalisation à l’international est pratiquée par 36% des entreprises en ce qui concerne les tâches numériques. Une donne qui concerne notamment les aspects de maintenance, de helpdesk et autres supports aux utilisateurs.
Le tissu économique vaudois reste dynamique, comme en témoigne la stabilité du nombre d'offres d'emploi. On note une augmentation croissante des métiers centrés sur l'analyse de données, la gestion des données et la sécurité, liée à une transition générale des entreprises vers la digitalisation.
Les entreprises, confrontées à des besoins en constante évolution, encouragent de plus en plus la mobilité et la reconversion professionnelle de leur personnel. Elles s'impliquent activement dans le développement des compétences requises, allant jusqu'à créer leurs propres centres de formation. Cette tendance est déjà observable dans les secteurs de l'horlogerie et de la construction.
Selon notre analyse des données au 31 juillet 2023, les instituts de formation répondent de manière satisfaisante à la demande du marché ; la pénurie de compétences est principalement une question quantitative. Même si les établissements d'enseignement adaptent rapidement leurs programmes pour intégrer les métiers liés à la data, via notamment des modules de type CAS, il convient de suivre attentivement l'émergence de nouveaux termes et la prolifération des offres provenant de centres de formation privés. Ces éléments constituent des indicateurs clés pour évaluer les besoins futurs et planifier des actions appropriées.